La salle de classe des Premières 3

Sayuri, qui revenait de l'infirmerie se dirigeait à présent vers la classe qu'on lui avait attribué en cette rentrée au lycée. Elle avait été la seule de sa bande de copines à être accepté dans ce dernier, aussi se retrouvait-elle seule sans connaître personne. Enfin, avec son côté adorable, elle n'avait pas grand mal non plus à se faire des amies, peu importait à quel point elle leur été supérieur - en beauté, en intelligence comme en richesse. Oh oui, elle tolérait tout le monde, se montrait gentille avec tout le monde, du moment qu'elle parvienne - généralement sans grand mal - à se faire apprécier par tout le monde. Elle avait tellement bon coeur, prenait si facilement en pitié des personnes, au point d'en faire ses amies ! Elle même était consciente d'être trop bonne. Tellement bonne. En apparence, comme vous devez déjà le constater.

Le dos de cette petite hypocrite à la fois peste et narcissique, donc, avait été diagnostiqué par l'infirmière comme étant totalement normal. Elle ne voyait pas ce que Sayuri voyait.
Le matin même, en se changeant, elle constata que des espèces de mini-ailes lui avait poussé en plein milieu du dos. Ridicule. Mais elles demeuraient tellement minuscules, à tel point...L'infirmière avait peut-être des problèmes de vues assez conséquents ? Quoiqu'il en soit, avant d'aller à l'infirmerie, elle avait fait un saut au toilette et constata qu'elles avaient grandis, et étaient dorénavent semblables à celles d'un papillon blanc. Bizarre. Quoique, ça ne l'étonnait pas plus que ça.

Elle s'était toujours su spéciale, diffrente, unique, après tout ! Elle se savait digne d'être une héroïne de roman fantastique et depuis sa plus tendre enfance, attendait patiemment que ses fabuleuses aventures préméditées ultra à l'avance est lieu.

Parfait. Sa vie commençait donc réellement maintenant.

Lorsqu'elle pénétra dans la salle de classe pour récupérer ses affaires avant de s'en aller, elle failli faire une attaque en y voyant assis le garçon rencontré le matin même.

Les cours étaient finis. Shiro rangea ses affaires aussi rapidement que possible, puis, se dirigea vers la porte. Mais au moment de sortir, il vit la jeune fille "insignifiante" qu'il avait croisé ce matin. Mais finalement, elle n'était pas si insignifiante que ça. Quelque chose l'intriguait. Oui, cette fille n'était pas humaine. C'était une fée. Comment avait-il pu faire pour ne pas l'avoir remarqué plus tôt, alors qu'il avait tout de suite deviné pour l'autre petit groupe de tout à l'heure ? Il n'avait sans doute pas fait attention...

Shiro franchit la porte et partit faire une petite balade, cherchant un endroit où passer la nuit. Il n'avait pas de foyer depuis qu'il avait quitté les siens, et dormait chaque jour à la belle étoile. Bon bah il allait faire pareil cette fois-ci alors.

"Hein...Hein...HEIIIIIIIIIIIIIIIIIN ?" se retint-elle de hurler.
C'était quoi ça ? Il tracait sa route comme ça, sans mot dire, indifférent ? Bon ok, sa réaction semblait totalement naturelle, mais même ! D'un côté, ça l'arrangeait dans la mesure où elle n'aurait pas su comment réagir sans gaffer ou passer pour une potiche. Bref, autant tenter le tout pour le tout, de toute manière.
Sauf qu'elle l'avait déjà perdu de vue.
Elle essaya de le rattrapper, sans tellement savoir pourquoi, et quoi lui dire, et le portail de son lycée franchi, en pleine rue, elle le retrouva. En lui criant d'attendre, elle coura vers lui et saisi le noeud de son bandeau alors qu'elle tentait de l'arrêter, de sorte qu'il se défit.
Il se retourna vers elle pile au moment où son délicieux visage fut dévoilé.

Quelqu'un lui cria d'attendre et l'attrapa par le noeud de son bandeau. Shiro se retourna pile au moment ou le noeud se défit, montrant son véritable visage à la jeune fille de tout à l'heure. Il se figea, puis, soupira avant de se baisser pour ramasser son bandeau. Il ne le remit cependant pas tout de suite, et regarda la fée d'un air interrogateur. Qu'est-ce qu'elle lui voulait ?


Il ne trouvait rien de plus à dire. Un simple "Salut" devait suffire. Il attendit maintenant une éventuelle réponse de la jeune fille. Ahlàlà... enfin quelqu'un qui lui enlevait son bandeau... Même si cela l'agaça fortement, il se résolu à attendre la réponse de la fille qui devait manifestement l’harceler depuis le matin où elle l’avait percuté, sans doute intentionnellement. De plus, alors que d’habitude, lorsqu’il attaquait une âme pour la dévorer, ça lui suffisait pour plusieurs mois, il commençait maintenant à avoir sérieusement faim, faim d’âmes de quel que soit le type. Aussi se mit-il à reconsidérer la jeune fée sous ses yeux.

Mince.
Il était beau. Plus qu'elle ne l'imaginait, en fait, avec ses beaux yeux bleus qui aurait même pu rivaliser avec ceux de tous ses fantasmes de romans romantiques traduits directement du français...
Bon ok, c'était pas le moment de rêvasser. Elle lui disait quoi, là ? Elle avait tout foiré, après tout, mais de toute manière, elle qui s'imaginait que son masque lui donnant un aspect mystique, mystérieux, profond, cachait quelque chose de prodigieusement étonnant, elle était déçue ! Certes il était beau, une beauté rare, très rare, mais elle jugeait que cela ne valait tout de même pas la peine de faire tant d'efforts pour un garçon qui se fichait d'elle. Merde, ça aussi, c'était rare. Enfin, en attendant, son esprit foireux s'embrouillait, pire que d'habitude.

"Euh...J'ai remarqué qu'on passait par le même chemin pour aller en cours et euh...tu étais dans ma salle de classe tout à l'heure donc...euh...bref...désolée au fait de m'être emportée tout à l'heure hein...euh...tu t'appelles comment ?"

En réalisant la pitié qu'inspirait ses propos, elle dut se retenir plus que jamais pour ne pas s'enfuit comme elle le fit déjà le matin même.

La jeune fille avait l'air embrouillée.

"Euh...J'ai remarqué qu'on passait par le même chemin pour aller en cours et euh...tu étais dans ma salle de classe tout à l'heure donc...euh...bref...désolée au fait de m'être emportée tout à l'heure hein...euh...tu t'appelles comment ?"

Shiro remit son bandeau et lui répondit.


Il lui fit signe de continuer son chemin tout en discutant en route. Ca ne servait strictement à rien de rester planté au milieu de la route, pendant qu'une voiture était là, prête à leur rouler dessus s'ils ne s'en allaient pas. Shiro avait toujours aussi faim, et commençait à ressentir une certaine douleur au niveau du dos et des membres.

Chance ! s'abstient-elle de clamer, heureuse.

Il lui plaisait, sérieusement, mais d'habitude, lorsqu'elle désirait attirer un représentant de la race masculine dans ses filets, cela se passait plutôt différemment. Sa ténacité d'esprit infaillible en tout point, d'une lucidité hors du commun, savait saisir les fantasmes personnels des hommes pour les satisfaire, comme si elle s'adaptait à l'idéal masculin de chacun d'eux, sûre de réussir. Une perpicacité déconcertante la caractérisait, définitivement.
Or, devant le dit Shiro, elle se retrouvait en proie à une panique semblable à celle de n'importe quelle collégienne baffouillant une déclaration à son amour secret ! Certes, c'était mignon, ça pouvait plaire à beaucoup de garçons. Elle jouait souvent la petite fille timide et angélique avec la plupart, histoire qu'ils se sentent désirés et digne de faire perdre tous ses moyens à une jolie fille. Or, ça ne pouvait manifestement pas marcher avec lui alors par dieu, qu'elle retrouve son sang froid ! ça ne lui ressemblait nullement, de SINCEREMENT réagir de manière si mignonne. Mais quel visage serait-il approprié d'adopter avec lui, bordel ?
Quoiqu'il en soit, il semblait gentille, même si elle n'était pas d'accord avec lui sur ce derier point, ça allait vachement avec sa bouille d'ange de bégayer.


Merde ! C'était quoi cette question de stalker !!


Double merde ! On s'excuse pas à un mec pour des futilités ! Rah ! Pour le coup, elle s'énervait à être si nunuche.

Elle n'avait pas l'air à l'aise.
En y réfléchissant bien, il vivait nulle part. Chaque fois, il dormait à la belle étoile. Il lui fallait bien un endroit où résider... Il se rappela de la villa d'ce matin, la villa où habitaient ceux à qui il a prit l'âme. Maintenant qu'elle était inhabitée, pourquoi ne pas s'installer là-bas ?


Il poursuivit.

Une fée ? Qu'est ce que ça signifiait ? Elle s'arrêta un instant et considéra le garçon à ses côtés, ses sourcils blonds légèrement froncés.

bredouilla-t-elle.

Elle pensait qu'il s'agissait d'un compliment, jusqu'à qu'elle se souvienne de ses ailes. Brusquement, sa douleur dans le dos s'intensifia et elle les sentie grandir, comme réagissant à la remarque de Shiro. Elle enchaîna, perplexe :

"Comment ça, une fée...?"

Elle était trop déconcertée pour se souvenir que la maison dont été sorti Shiro le matin même, c'était celle voisine à la sienne.

Faisait-elle exprès de cacher son "identité", ou bien ne savait-elle vraiment pas qu'elle n'était pas humaine ?


Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent devant la maison du jeune homme, devenue sienne depuis quelques temps. Il s'arrêta, et considéra la jeune fille qui s'arrêta à son tour. Maintenant que la conversation devenait plus ou moins "intéressante", valait mieux pas ne pas la finir tout de suite.

« Un petit verre, ça te dit ? On pourra tranquillement terminer notre conversation. »

Aujourd'hui, Shiro n'a fait que croiser des êtres non humains. Deux vampires, une elfe, un garou... et maintenant une fée. Le monde est petit...

Sans tenir compte de sa proposition, les yeux fixés sur sa dite maison, elle s'exclama :


On se serait cru dans une enquête policière. Elle se sentait pitoyable, plantée devant lui, là, à chercher à le regarder droit dans les yeux mais empêchée par l'espèce de bandeau qui les recouvrait.


Quelques secondes comme ça passèrent avant qu'elle ne soupira, et une fois de plus, finit par s'excuser de s'être emportée.

Shiro ne répondit pas et continua à marcher. Il fallait que cette petite peste connaisse les gens qu'il a tué le matin même... Quelle excuse allait-il encore inventer ? Il venait d'avoir une idée.


La fée ne semblait pas tout à fait convaincue, et essayer de regarder la chimère dans les yeux, mais quelque chose l'en empêchait.

« Ca ne te regarde pas. »

Sayuri soupira et s'excusa de nouveau de s'être emportée.
Ils marchèrent encore un moment avant de s'arrêter devant un café.